Un “R”éveil brutal
Si vous me suivez depuis un moment (merci au passage !), vous savez que je suis une “hyperempathique” : je ressens ce que les autres autour de moi ressentent. Ce qui n’est pas toujours très sympa à vivre, je vous l’avoue…Je ressens leur tristesse, leur joie, leurs doutes, leur peur ou leur gratitude…C’est surtout déstabilisant dans les lieux publics, au milieu d’une foule : j’ai la sensation d’être une radio FM mobile qui change de fréquence dès que je passe d’une personne à une autre….C’est très curieux comme sensation.
Mon ouverture à ces ressentis s’est faite très brutalement : un jour, j’accompagnais mon ami à une messe dans une église. J’ai mis un pied dans cette église, et je me suis mise à ressentir tous ce que les autres ressentaient et à entendre tout ce qu’ils pensaient ! Je suis restée tétanisée sur le banc sur lequel j’ai, malgré tout, réussi à m’asseoir, blanche comme un linge, en attendant juste que ça s’arrête….De ce jour là, ça ne m’a plus quittée, mais ça s’est adouci : je n’entends plus que très rarement les pensées des autres, par contre je ressens. Mais, j’arrive à le contrôler de mieux en mieux.
Hyperempathie face aux êtres décédés
Et comme beaucoup d’enfants qui “voient”, je me suis fermée en grandissant; jusqu’à ce fameux “r”éveil brutal.
Cimetière des esclaves
Une des expériences les plus marquantes que j’ai vécues adulte s’est déroulée en Guadeloupe. Je m’y trouvais en vacances. Et, je ne sais pas comment, ni pourquoi, j’ai eu envie de visiter le cimetière des esclaves…Je ne savais même pas où le trouver. Mon compagnon qui est pourtant originaire de cette île n’en savait rien non plus. Nous finissons par trouver des indications et nous partons donc à la recherche d’un chemin en bord de route. Nous commençons à l’emprunter. J’ai à ce moment commencé à me sentir mal : je respirais moins bien, je me sentais oppressée. Nous nous garons, car la suite se faisait à pied. Il n’y avait aucun panneau d’indication et pourtant, je savais par où aller, comme si je connaissais déjà ce chemin. Nous nous enfonçons donc dans la forêt.
Plus j’approchais et plus je me sentais mal. J’avais l’impression que des mains m’étranglaient, cherchaient à m’étouffer. Je n’arrivais plus à parler.
Nous arrivons enfin au cimetière. C’est un cimetière typique : les tombes sont juste des amas de terre et des coquillages blancs entourent chaque sépulture. C’est aussi, à priori, un lieu de culte vaudou. Un rituel avait du avoir lieu la veille : un petit autel était dressé avec des bougies, des coquillages, des fleurs et un coq égorgé.
Une fois arrivée là, je n’ai plus pu bougé. J’étais pétrifiée. On m’étranglait. Et surtout, j’entendais cette voix qui disait : “on m’a enterrée vivante !”…..Je suis devenue livide ! Mon compagnon qui lui aussi commençait à se trouver mal m’a attrapée sous son bras et nous sommes repartis. J’ai mis des heures à m’en remettre. J’ai pleuré, j’ai suffoqué, j’ai crié….Et une fois la crise passée, j’ai voulu comprendre. Je savais que je n’étais pas folle, mais que mon hyperempathie s’était de nouveau manifestée! Et il y avait donc forcément une explication.
Cette explication, je l’ai eue quelques jours plus tard, une fois rentrée en Métropole. J’ai fouillé le net des soirées entières à la recherche de récits sur ce lieu. Et finalement, j’ai fini par trouver : ce cimetière se trouve en haut d’une falaise, sur une ancienne “propriété de maitres”. Un des esclaves de ce maitre était particulièrement virulent et récalcitrant. Pour le punir, le maitre lui a imposé le sévisse suivant : il l’a enfermé dans un tonneau transpercé par des lames de couteaux et l’a jeté du haut de la falaise, là où se trouve le cimetière. L’esclave est bien sûr décédé. Mais, la légende dit qu’il serait revenu hanter le maitre en lui disant que son fils subirait le même châtiment que celui qu’il lui a imposé et que sa femme serait enterrée vivante. Le lendemain, on a retrouvé le corps de son fils, sur la plage, lacéré de coups de couteaux; et sa femme a disparu……
J’ai donc à priori été en contact avec le “fantôme” de la femme du maitre, des siècles plus tard……Et j’ai ressenti ce qu’elle a du ressentir au moment de sa mort. C’était donc bien une fois encore un “tour” que me jouait mon hyperempathie.
Michèle, la pendue
J’ai un être décédé qui vient me rendre régulièrement visite. Je l’appellerai Michèle. Un jour, au travail, devant mon écran, très concentrée, je sens un poids sur ma nuque, comme si on me déposait un vêtement lourd sur les épaules. Et j’ai su immédiatement qu’il s’agissait de Michèle. C’était une amie de mes parents qui s’est suicidée en se pendant, alors que je n’étais encore qu’une enfant, il y a donc une trentaine d’années. Je ne l’ai que peu connue et nous ne parlons jamais d’elle. Mais je savais que c’était elle ! Je n’avais pourtant aucune raison de penser à elle à ce moment là, c’est ce qui me conforte dans l’idée que je ne me trompe pas : c’était elle. Je lui ai alors dit que, là, ce n’était pas le moment pour moi, qu’elle revienne un autre jour quand je serai seule, et surtout pas au travail ! Je ne me voyais pas en train de commencer une discussion du genre : “Alors, c’est comment là-haut?” devant mes collègues…..Situation incongrue !
La peur de l’embryon
Une autre fois marquante est celle où je me suis retrouvée chez mon amie Astrid. Sa nièce, Laura, que je connaissais pas était présente également. Je ne savais pas pourquoi, mais je ressentais au fond de moi qu’il fallait que je passe chez Astrid, absolument, ce jour là !
Nous commençons à discuter, l’heure du déjeuner approche et Astrid et Laura vont dans la cuisine préparer le déjeuner. Je reste dans le salon à mettre la table. J’entends alors une toute petite voix me dire : “J’ai peur! J’ai peur ! C’est trop tôt ! Je ne veux pas partir maintenant !”. J’avais la sensation d’entendre un bébé, ou peut-être un embryon….Mes amies reviennent, la voix se tait. Laura, la nièce d’Astrid va dans la salle de bain et là, Astrid me dit : la pauvre, mardi elle se fait avorter; elle est tombée enceinte par accident et ne se sent pas du tout capable de le garder…..
Et voilà ! Ceci expliquait donc cela ! J’étais donc en contact avec cet embryon (son âme ?) qui sentait sa mort arriver…..Quand je me suis de nouveau trouvée seule dans la pièce, je lui ai expliqué qu’il ne devait pas avoir peur, que ce qui lui arrivait était juste, qu’il avait même décidé de le vivre en s’incarnant. J’ai alors senti une grande sérénité m’envahir…Là encore, non seulement, je “captais” l’âme, la personne, mais mon hyperempathie me faisait en plus ressentir les mêmes choses qu’elle….
Le papillon
Et , à la fin de la cérémonie, un papillon est passé au-dessus de la tête de chaque personne présente, comme s’il venait nous faire un dernier adieu avant de s’envoler définitivement…
Hyperempathie au service des défunts ?
Alors, certains jours, je m’interroge : pourquoi est-ce que je capte tout ça ? Pourquoi cette hyperempathie fait partie de ma vie ? Est-ce que j’ai un rôle à jouer envers les défunts ? Mais, très rapidement, je me rappelle deux choses : la première, c’est que de toute façon, j’ai décidé de vivre ce que je vis aujourd’hui avant de m’incarner. Me dire que c’est mon choix me permet réellement de mieux l’appréhender et l’accepter; et me renforce aussi dans l’idée que nous vivons ce que nous sommes capable de vivre et de supporter. Et la deuxième, c’est que je suis persuadée que cette hyperempathie se développera et s’affinera doucement, parce que c’est ce que je demande. Je n’ai pas envie de me retrouver “de l’autre côté” en permanence. Je suis quelqu’un de plutôt bien ancrée, et je compte bien le rester !
Mais je suis curieuse, et du coup, j’aimerais bien savoir : vous avez vous aussi des contacts avec des défunts ? Vous “captez” aussi ce qu’ils ressentent ? N’hésitez pas à partager ici vos expériences. Elles seront accueillies sans aucun jugement !