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L’alimentation émotionnelle


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« Pourquoi je mange mes émotions ? »

Manger fait partie des expériences les plus chargées émotionnellement. Ce lien s’installe dès notre naissance lorsque notre mère nous donne le sein ou le biberon pour calmer nos pleurs. Plus tard, ce lien est consolidé par un bonbon pour apaiser un chagrin ou la douleur d’une bosse, ou une glace pour récompenser un succès. Dans toutes les cultures, la nourriture vient célébrer des moments importants (le gâteau de mariage, la bûche de Noël, le champagne pour l’achat d’une maison, etc…). Donc, chaque fois qu’une expérience de vie est célébrée avec de la nourriture ou que la nourriture est utilisée pour réconforter, le lien émotionnel se renforce.


La nourriture, c’est l’amour, le réconfort, la récompense, … c’est une amie ! Et parfois, elle est notre seule amie dans les moments de solitude et de douleur.

L’alimentation émotionnelle est déclenchée par des émotions comme l’ennui ou la colère, pas par une faim biologique. Ces sentiments peuvent déclencher des réactions allant d’un simple grignotage à une compulsion incontrôlable.

L’alimentation émotionnelle peut être déclenchée pour des raisons allant d’un besoin de sensorialité bénigne, voire universelle, à une nécessité d’engourdissement.

Les raisons de l’alimentation émotionnelle

Se faire plaisir 
Il est important de recevoir du plaisir et de la satisfaction en mangeant. Plus nous prenons du plaisir à manger, plus nous sommes en capacité de déterminer la quantité de nourriture dont nous avons besoin pour nous sentir satisfaits.

Se réconforter
Certains aliments vont nous réconforter parce qu’ils nous rappellent des moments ou des endroits confortables et rassurants. Manger des aliments réconfortants peut faire partie d’une relation saine avec la nourriture à condition de le faire en conscience et sans culpabilité.

Se distraire
La nourriture peut être utilisée pour nous distraire de sentiments que nous ne souhaitons pas ressentir. Cela nous empêche de découvrir la source de nos émotions et de répondre à nos besoins. Il n’y a pas de mal à vouloir se distraire de ses émotions de temps en temps. Nous ressentons des émotions à longueur de journée et les vivre toutes consciemment serait épuisant. En revanche, la nourriture ne doit pas être la seule réponse.

S’anesthésier
Une forme plus grave d’utilisation de la nourriture consiste à manger pour anesthésier des ressentis désagréables ou douloureux. Cela nous déconnecte de nos émotions (et de notre corps) pendant de longues périodes. Nous ne ressentons alors plus nos signaux de faim et de satiété et nous nous privons de la satisfaction de manger. Lorsqu’on mange pour s’anesthésier de façon occasionnelle, il y a peu d’effets néfastes. Mais ce type d’alimentation peut devenir un comportement habituel sans même qu’on s’en rende compte.


Se punir
Parfois, l’auto-critique et la culpabilité vis-à-vis de notre comportement alimentaire deviennent si intenses et fréquentes qu’elle finissent par déclencher des comportements punitifs. Nous mangeons alors de grandes quantités de nourriture de manière frénétique. Cette forme grave d’alimentation émotionnelle entraîne une perte d’estime de soi et une haine de la nourriture. Dans ce cas-là, il est fortement recommandé de consulter un spécialiste en comportements alimentaires.


Les déclencheurs de l’alimentation émotionnelle

Un désir de manger peut être déclenché par différentes émotions et situations. Certaines personnes ne sont même pas conscientes qu’elles mangent pour des raisons émotionnelles. Mais à partir du moment où l’on mange beaucoup sans ressentir de faim biologique, cela veut dire que nous utilisons la nourriture comme mécanisme d’adaptation.

Voici quelques émotions courantes que l’on cherche à apaiser avec la nourriture :

L’ennui et la procrastination
Les études ont montré que l’ennui est l’un des déclencheurs les plus courants de l’alimentation émotionnelle. La nourriture est alors utilisée comme le moyen de « passer le temps », de rendre une tâche ennuyeuse plus agréable ou de repousser à plus tard un travail inintéressant. Chez certaines personnes surmenées, manger sera l’occasion de rentabiliser un trou dans leur emploi du temps ou justifiera le fait de faire une pause.

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La récompense 
Il n’est pas rare d’utiliser la nourriture comme récompense. Par exemple :

  • On promet des friandises aux enfants s’il se comportent bien chez le médecin ou pendant les courses.
  • On se récompense de notre dur labeur au travail ou à la maison en s’offrant une glace ou un biscuit.

L’apaisement 
La nourriture a un fort pouvoir d’apaisement… Nous avons tous nos aliments « doudou » pour calmer un ressenti désagréable. Parfois, ces aliments peuvent même nous rappeler une époque de notre enfance où la vie était douce et moins compliquée.

L’amour 
La nourriture peut être associée au sentiment d’être aimé. Certains d’entre nous ont peut-être eu des parents qui ne savaient montrer leur amour que par la nourriture. Ils ne savaient pas faire des câlins ou dire « Je t’aime » mais veillaient à ce que la nourriture soit abondante.

Et encore :

La frustration et la colère
Si vous vous retrouvez à manger tout un paquet de chips croustillantes alors que vous n’avez pas faim, c’est certainement parce que vous vous sentez frustré ou en colère. L’acte physique de mordre ou de croquer peut permettre de libérer ces sentiments.

L’anxiété
Quelle que soit leur ampleur, les tracas du quotidien peuvent déclencher un besoin urgent de manger pour soulager l’anxiété. La plupart du temps, cette anxiété est ressentie au niveau du plexus solaire… le lien avec l’estomac et la nourriture est alors inévitable.

La dépression bénigne
Il est fréquent de se tourner vers la nourriture quand on se sent un peu déprimé. Cela n’a pas de réelle conséquences lorsque c’est ponctuel.

Le manque de sommeil 
La plupart du temps, lorsque nous sommes fatigués, nous sommes tentés de manger pour avoir suffisamment d’énergie pour tenir la journée.

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Lâcher du lest
Chez certaines personnes qui sont dans un hyper contrôle de tous les domaines de leur vie, la compulsion alimentaire va être le seul mécanisme dont elles disposent pour lâcher prise et avoir un moment où elles ne contrôle pas. Consciemment ou inconsciemment, c’est une façon de se défouler !

Le stress
Normalement, le stress devrait limiter notre envie de manger ! Lorsque nous subissons un stress important et/ou soudain, la montée d’adrénaline qu’il provoque va avoir tendance à nous couper l’appétit et renforcer notre sentiment de satiété lors des repas. Nous pouvons en faire l’expérience lors d’une séparation, un deuil ou même lorsque nous tombons amoureux !

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Par contre, le stress chronique favorise principalement la libération de cortisol. Contrairement à l’adrénaline, cette hormone nous incite à faire le plein d’énergie pour pouvoir résister, tenir dans la durée. C’est pour cela que nous pouvons avoir envie de manger pour faire face à toutes les difficultés de notre quotidien. D’autre part, ces stress sont liés aux émotions que nous avons énumérées plus haut, et que nous allons chercher à apaiser.

Gérer l’alimentation émotionnelle

Avant toute chose, sachez que l’alimentation émotionnelle est normale ! Même les mangeurs intuitifs mangent parfois sous le coup de leurs émotions. Le fait de manger pour apaiser un chagrin ou une grande frustration peut faire du bien sur le moment.

Mais lorsque nous « mangeons » systématiquement nos émotions, nous entrons alors dans un comportement réactif et addictif. Le stress chronique entraîne une intolérance émotionnelle que notre cerveau va chercher à tempérer. La nourriture, tout comme le tabac ou l’alcool va venir soulager ce trop-plein.

Donc, lorsque vous avez une envie de manger, je vous invite tout d’abord à prendre quelques minutes pour vous poser et accueillir cette sensation, sans la contrôler, sans juger ni culpabiliser.

Ensuite, essayez de répondre aux questions suivantes :

  • Est-ce que je ressens une faim physique ? Si oui, mangez ! Si non, posez-vous les questions qui suivent.
  • Qu’est-ce que je ressens ? Parfois, il est difficile de répondre à cette question car nous ne savons pas toujours déchiffrer nos émotions. Dans ce cas, prenez la liste des déclencheurs émotionnels ci-dessus et voyez s’il s’agit de l’un d’entre eux.
  • De quoi ai-je besoin ? Nous sommes nombreux à manger pour satisfaire un besoin non satisfait, lié à une émotion ou un ressenti physique. Par exemple, peut-être avez-vous besoin de vous reposer, de prendre l’air, d’exprimer une frustration, d’être écouté, de recevoir un peu de réconfort de la part d’une amie, … ?

Lorsque vous avez répondu à ces trois questions et que vous savez de quoi vous avez besoin, je vous invite à répondre à vos envies/besoins en toute bienveillance. L’idéal serait d’y répondre immédiatement mais c’est parfois impossible. Alors aménagez-vous un temps dans votre journée, le plus rapidement possible, pour vous apporter cette attention.

Et si l’envie de manger est beaucoup trop forte, autorisez-vous à manger en prenant soin de savourer les aliments, sans vous faire de reproches.

En conclusion

L’alimentation émotionnelle n’est pas négative en soi : pratiquée avec parcimonie, elle permet un apaisement momentané nécessaire. C’est lorsqu’elle est chronique et compulsive que cela devient problématique.

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Pour guérir de l’alimentation émotionnelle, il est nécessaire de travailler sur 3 niveaux :

  • Le niveau mental : Arrêter de lutter, changer ses croyances limitantes et son discours intérieur, remodeler ses programmes inconscients, construire de nouvelles habitudes, …
  • Le niveau émotionnel : Accueillir et apprivoiser ses émotions, guérir ses blessures affectives, combler ses besoins et renforcer l’estime de soi.
  • Le niveau comportemental : Sortir de la lutte et se reconnecter aux signaux et besoins du corps.

Emotion (e-movere) veut dire « mouvement vers l’extérieur ». Empêcher nos émotions de s’exprimer, réprimer tout élan, se retenir de pleurer ou de dire les choses, … Pour ne pas déplaire, pour faire plaisir, pour ne pas se faire remarquer, … Sont autant de freins à notre épanouissement, à notre énergie vitale.

Est-ce qu’il ne serait pas intéressant d’aller chercher du côté de nos peurs, injonctions, loyautés, croyances limitantes ? Je vous laisse en juger !


Merci à Christine MAUFROY pour sa chronique !

Pour contacter Christine :

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